Récit d'aventure - Pemi Loop en 3 nuits
- Michèle
- 7 août
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 sept.

Chaque fois que je sors en montagne, j’apprend quelque chose de nouveau. Je crois que cette expérience de la Pemi Loop est l’une de celles qui aura été dans les plus marquantes.
Avant de commencer la description, jour par jour, de cette aventure, voici une petite mise en contexte. En juin 2024, Steph et moi sommes partis au Pérou pour faire l’incroyable trek de 8 jours du Huayhuash. C’est un trek de luxe avec les mules, cuisiniers et tout l’équipement fourni. Tout ce que nous avions à faire était de marcher entre 4 000 et 5 000 mètres d’altitude, tous les jours. C’était assez!
Nous étions de retour au pays le 21 juin et avons débuté la Pemi Loop le 12 juillet. Je pense qu’on peut dire qu’on était en bonne forme physique et mentale!
Pemigewasset Loop en chiffres
90 USD total pour 2 personnes, pour les 3 nuits
50 km
3 000 m D+
1 600 m au plus haut
10 sommets faisant partis du défi des 115
1. Bondcliff
2. Bond
3. West Bond
4. South Twin
5. Galehead
6. Garfield
7. Lafayette
8. Lincoln
9. Liberty
10. Flume
Nous aurions pu ajouter 2 sommets de plus, avec un ajout de 4 km pour chacun : Zealand et Hale. Mais bon, comme vous le comprendrez plus loin, on en a eu assez des 10!
Jour 1

Quel bonheur de nous lancer dans ce nouveau projet dont nous avions tant entendu parler. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme et d’innocence que nous débutons le parcours, au Lincoln Woods Parking. Nous choisissons de faire la boucle dans le sens anti-horaire pour nous taper au début la looooongue et ennuyante approche de 10 km sur un faux-plat. Nous préférions aussi descendre la section très abrupte entre South Twin et Galehead, monter plutôt que descendre les cascades de Garfield et descendre les escaliers de l’Osseo Trail. Nous n’avons pas regretté ce choix!

La randonnée commence donc avec cette longue section, parcourant un ancien chemin de fer. À la suite de ce premier 10 km, nous entamons l’ascension du mont Bondcliff. Assez rapidement, la vue se dégage et nous éblouie, à peu près au même rythme où mes pieds commencent à me faire souffrir… Ce dernier 8 km a été très éprouvant, particulièrement lors de la montée de Bond. Nous pensions faire West Bond ce jour-là, mais force a été de constater que ce serait impossible. Nous l’avons donc remis au lendemain, première heure.
C’est avec un énorme soulagement que nous arrivons au Guyot Shelter où nous décidons de profiter de l’abri trois faces, même si nous portons notre tente. Luna le chien fait très bien ça… elle n’a certainement plus assez d’énergie pour s’énerver de voir des humains et se couche dès que nous lui installons sont petit lit (nos coussins à fesses recouverts d’une serviette en microfibre).
On enclenche la routine du soir une fois sur place : installer le campement, filtrer de l’eau, nous décrasser comme on peut avec nos serviettes humides, mettre notre kit du soir, préparer le souper (bonne bouffe déshydratée maison) et finalement… manger et dormir!
Jour 2
Étant dans un abri trois faces avec une quinzaine d’autres personnes, on se réveille doucement au rythme de la gang. Triste constatation au moment du déjeuner : on s’est fait voler nos cuillère-fourchettes. Je les avais oubliées sur la boîte à ours la veille et elles ont disparues au matin. On cherche donc des roches plates pour déguster notre gruau maison. Ça nous met dans un drôle de mood, mais on retrouve le sourire quand le gardien du camping nous donne 2 ustensiles en plastique. Ouf, on va pouvoir manger nos nouilles asiatiques pour souper. Je ne nous voyais pas essayer de manger ça avec des roches!

Un autre soulagement : mes pieds se sont totalement remis de leur souffrance atroce de la veille. C’est donc le cœur léger qu’on reprend la route. Tel que prévu, on commence avec le sommet de West Bond. On peut laisser nos sacs et le monter allège, quel bonheur!
On continue jusqu’à South Twin sur une portion du sentier surnommé « Pemi’s highway », étant donné qu’elle est beaucoup moins technique que le reste et sans grand dénivelé. Qu’à cela ne tienne, la suite compense bien avec une très grande difficulté : la descente de South Twin. On a entendu dire que cette portion est la plus abrupte de toutes les Whites Mountain, ce n’est pas peu dire! Des roches, des roches et encore des roches…! On se croirait près du Mont Adams… ce qui n’est pas totalement faux. Les sentiers des Whites Mountains sont réputés pour leurs grosses roches à gravir ou à descendre.

Arrivés à la Galehead Hut, on retire nos sacs à dos pour monter vers le sommet du même nom. Plus le temps passe, plus je réalise à quel point j’ai mis trop de choses dans mon sac. Je suis heureusement sensibilisée au poids que nous devons porter en trek pour apprécier celui-ci, mais j’aurais pu faire encore plus attention. Le vrai problème, c’est que mes souliers ne sont absolument pas adéquats pour mon activité. Je n’ai définitivement pas assez de support d’arche pour contrer le poids de mon sac à dos. J’ai retenu ici deux grandes leçons!
Vous l’avez donc compris, j’ai encore souffert le martyre sur les deux dernières heures de cette journée de « seulement » 10 km. Après avoir gravit la paroi menant à Garfield, à travers la cascade d’eau, on arrive enfin à notre deuxième site de camping.
Tout comme le premier, il est franchement bien pensé. J’ai expérimenté quelques-uns des campings sauvages des Whites et ils sont tous vraiment super. Il y a encore une fois un abri trois faces, des plateformes pour les tentes, un espace cuisine et des boites à ours. On remet 30 dollars américains au gardien pour la nuit et on choisit, pour une deuxième nuit consécutive, de dormir dans l’abri.
Quel soulagement de reposer enfin mes pieds et de déguster nos délicieuses nouilles.
Jour 3
Cette journée est définitivement plus facile et agréable que les 2 premières. On parcourt enfin la crête de Lafayette, après avoir atteint le sommet de Garfield et effectué la descente-montée entre les deux. Depuis la veille, Luna profite de chaque occasion pour se coucher et reposer ses petites pattes. C’est aussi difficile pour elle, j’imagine que les chiens peuvent être courbaturés, que pour nous. Même si nous ne faisons « que 10 km » par jour, ceux-ci sont extrêmement techniques et nous demandent souvent de nous propulser, pour elle comme pour nous.
Steph expérimente la déshydratation presque dès le début de cette journée. Il avait pourtant trois litres d’eau sur lui, qu’il a englouti sur les premiers kilomètres. Heureusement, juste avant de commencer la montée vers Lafayette, un bon samaritain a rempli sa Nalgene avec un litre d’eau. Nous avons ensuite croisé des garde-parcs, sur Lincoln, qui lui ont donné un autre litre. Il aura bu cinq litres d’eau au total! Cette journée de la boucle en est une sans point d’eau, nous le savions et pensions avoir bien prévu le coup avec pas mal de litres avec nous… Notre théorie est que Steph s’était peut-être déshydraté la veille, en fait. La chaleur n’était pas torride, mais c’était quand même l’été et ce qu'on devait fournir comme effort était assez intense. Une autre grande leçon pour nous ici : lorsque nous marchons l’été, nous buvons maintenant un litre d’électrolytes au moins, plutôt que le 500 ml de base, en plus du reste de l’eau plate.

Ce n’est pas longtemps après Lincoln que nous amorçons la brutale descente vers le camping de Liberty Springs. Comme tous les autres jours, mes pieds n’en peuvent plus d’arriver. Notre excellent chili maison nous réconforte enfin!

Ici, pas d’abri trois faces, nous installons donc notre tente sur une plateforme. On est quand même heureux de l’utiliser, ça aura valu la peine de la porter tous ces kilomètres!
Pendant le trajet, nous avons souvent croisé des groupes de jeunes étudiants américains, avec leurs animateurs. L’un de ces groupes s’est installé sur la plateforme à côté de la nôtre et nous avons, non sans dégoût, entendu l’un des animateurs vomir toute la nuit…! Ah les joies de la proximité! Mettons que ces nuits en trek ne sont pas les meilleures, mais on ne fait certainement pas ça pour dormir!
Jour 4
Cette dernière journée est la plus facile des quatre. Après avoir refait nos sacs et nous être restaurés, nous avons évidemment remonté ce que nous avions descendu la veille! Cette montée vers Liberty est donc abrupte, mais plutôt courte.

Comme sur presque tous les sommets de ce sentier, la vue est absolument magnifique. Le sommet en lui-même a une drôle de forme et on est un peu tristes de savoir que cette aventure est presque terminée.
La descente vers Flume est très agréable et graduelle et la montée… abrupte et pleine de roches. Nous amorçons ensuite la longue descente vers le Lincoln Woods Parking. Nous découvrons les fameux escaliers de la Osseo Trail que nous sommes heureux de descendre et non de monter.
Tout près de la fin, quel bonheur de voir la fameuse Pemigewasset River, dans laquel nous trempons allègrement nos pieds endoloris.
Et puis, que fait-on quand on a complété un tel projet? On va manger un gros burger! Quelle incroyable dose de dopamine et d’endorphines on produit quand on accompli un défi comme celui-ci, certainement l’une des multiples raisons de nous dépasser autant, physiquement et mentalement.

En vrac : mes apprentissages
· Être bien chaussé.
· Choisir avec soin le matériel dans le sac-à-dos pour n’avoir rien de superflu, que le strict nécessaire… chaque gramme compte.
· Dans cette catégorie : pour mettre le maillot de bain dans le sac, je m’assure maintenant qu’il y a bel et bien des points d’eau favorables à la baignade. Il n’y en a aucun sur la Pemi!
· Et aussi : je ne traine maintenant que 4 ancrages à tente pour plateforme (j’en avais 8 dans mon sac… c’est lourd!). La plupart des plateformes sont équipées de clous sur les côtés, qui servent à tendre la tente.
· Boire et porter assez d’eau, avoir un moins un litre d’électrolytes.
· Ne pas se fier au kilométrage, dans les Whites, pour évaluer le degré de difficulté d’un sentier.
· Se renseigner beaucoup avant de partir : lire les commentaires sur le site d’All Trails, entre autres, pour connaître les conditions et les difficultés d’un sentier.
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